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Liviu Rebreanu

1885-1944)

 

 

Liviu Rebreanu est né à Tîrlisina, petit village des environs de Cluj, au cœur de la Transylvanie, alors sous la domination hongroise. Treize enfants lui succéderont au foyer de l'instituteur Vasile Rebreanu, qui occupe ses loisirs à rédiger des narrations paysannes et morales. Sa mère rêve de le voir devenir prêtre ; son père, instituteur ; lui, aimerait être médecin. Cependant, comme les études coûtent cher, il entre en qualité de boursier à l'académie militaire de Budapest. Il en sort sous-lieutenant d'infanterie, mais démissionne en 1908. Il a dans sa cantine un recueil de nouvelles, dont l'une est publiée par la revue Luceafarul de Sibiu, ainsi que bon nombre de traductions. À vingt-quatre ans, il arrive dans la capitale, décidé à vivre de sa plume. Mais il est contraint d'accepter de médiocres tâches ; il collabore à diverses revues, devient secrétaire littéraire d'un théâtre de province, puis secrétaire de la Société des écrivains roumains. Sous l'occupation allemande, à cause de ses origines transylvaines, on le tient pour suspect dans les milieux favorables aux Alliés, et les partisans des Empires centraux le considèrent comme un déserteur. Les Allemands l'emprisonnent. Il s'échappe, se rend à Jassy, où il est pris pour un Autrichien et un espion. Il apprend que son frère, qui se battait dans les armées austro-hongroises, a été pendu comme déserteur.
En 1919, de retour à Bucarest, il est engagé par l'éditeur Steinberg comme directeur de la collection « Les Écrivains célèbres ». Il abat une besogne considérable de traducteur et de présentateur, et la liste des ouvrages qu'il publie donne une idée de sa culture littéraire. Il fait jouer une pièce, Le Quadrille (Cuadrilul), au théâtre de Bucarest, en 1919, et l'année suivante, il publie son premier chef-d'œuvre, Ion (Jean), puis un second, La Forêt des pendus (Padurea spînzuratilor, 1922). La Société des écrivains roumains lui décerne le grand prix du roman, et le choisit comme président. En 1928, il est nommé directeur du Théâtre national. Entre-temps, il a publié un roman, Adam ?i Eva, et a pris la direction d'une revue, Le Mouvement littéraire. Les charges et les honneurs se succèdent dans sa vie et sa production ne cesse d'être abondante : de la masse de ses écrits émergent les romans Ciuleandra (1927), Le Petit Roi Horia (Crai?orul Horia, 1929) et un troisième chef-d'œuvre, L'Insurrection (Rascoala).
En 1939, il est élu membre de l'Académie roumaine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il prend la charge du journal La Vie, quotidien officiel du gouvernement formé par le maréchal Antonescu. On le lui reprochera. Il meurt à Valea Mare, près de Pitesti.On a souvent qualifié Ion de poème épique. Le roman célébrerait avant tout la conquête de la terre par un paysan avide. L'image dominante de l'œuvre serait celle de Ion, le jour de sa victoire, qui s'agenouille sur le sol, prend une motte de terre dans ses mains et la baise avec ardeur.
En vérité, le roman est un panorama de l'existence rurale en Transylvanie sous la domination hongroise : l'instituteur et sa famille, le prêtre et sa paroisse, les autorités locales, les paysans, tout ce petit monde vit, s'agite et se dispute. Une figure de paysan émerge cependant de la masse tumultueuse de ces personnages : Ion, qui aime Florina mais séduit Ana parce qu'elle est riche. Il la séduit par calcul : si elle est enceinte, son père ne s'opposera pas au mariage et Ion recevra ce qu'il convoite par-dessus tout, de la terre. Mais le beau-père ne tient pas sa parole. Ana, tiraillée entre sa famille qui la condamne et son mari qui la rend responsable de son déboire, et en outre follement jalouse de voir que Ion aime toujours Florina, se pend. L'enfant qu'elle avait mis au monde meurt aussi. Ion est héritier et vainqueur, mais il ne profite pas de son succès : il est tué par le mari de Florina.

 
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