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La littérature

Les premières formes de littérature roumaine sont religieuses, traduites du slavon, puis du grec (XVIIe siècle), l'influence de la culture néogreque sous le régime phanariote, a pour effet paradoxal l'occidentalisation de la culture roumaine, par le biais des littératures italienne, allemande et surtout française.
En Transylvanie, l'instauration de l'église Uniate (de rite catholique mais soumise à Athènes) fut importante pour le devenir de la langue et de la littérature. L'école latiniste transylvaine (on signalera les noms de Petru Maior, Samuel Micu et Gheorghe Sincai) animée par la fierté des origines des Roumains a exprimé le devoir de rattacher la langue et la culture roumaine à l'Occident romain, italien et français et non pas à l'Orient slave ou grec.
Dans les principautés de Valachie et de Moldavie, les chroniqueurs s'employaient à retracer l'histoire des deux provinces (Grigore Ureche, 1590-1647 ; Miron Costin, 1633-1691 ; Ion Neculce, 1672-1745 ; et l'humaniste Dimitrie Cantemir).
Les prémices de la littérature roumaine sont donc constituées par les chroniques, les écrits religieux et ceux des latinistes transylvains à côté des créations anonymes, orale, du fond populaire.
Les XVIe et XVIIe siècle sont témoins d'une culture écrite, avec une certaine valeur esthétique, sans qu'on puisse parler d'une littérature proprement dite.
La fin du XVIIIe et le début du XIXe constituent une période d'évolution et de rupture avec le monde culturel antérieur, en faveur d'une occidentalisation et libéralisation de la société roumaine. Ces changements se sont traduits dans l'univers littéraire, par le raccordement du langage au style européen ; la culture s'est institutionnalisée, d'autre part.
La première moitié du XIXe est la période des efforts entrepris pour forger une littérature nationale, pour diversifier et professionnaliser l'acte d'écrire.
Des écrivains originaux, des pionniers surgissent : Grigore Alexandrescu (1810-1885) est auteur de fables et chantre de Mircea le Vieux, Dimitrie Bolintieanu (1809-1872) exaltant la nature, l'amour, dans un certain pessimisme devant la mort (ce dernier trait, avec le goût du néant, forme une constante de la lyrique roumaine) ; Mihai Kogalniceanu (1817-1891), Alecu Russo (1819-1859), Nicolae Balcescu (1919-1952), s'inspirent du passé national pour influer, en libéraux patriotes, sur l'évolution des idées et l'ouverture de leurs principautés ; Costache Negruzzi (1808-1868) et son chef-d'oeuvre la nouvelle historique Alexandru Lapusneanu.
La génération 1848, par le biais des écrivains impliqués dans les événements du Printemps des peuples, ont milité pour le retour au folklore, comme source de régénération esthétique, par la fermeté la beauté du langage. Vasile Alexandri (1819-1890), l'homme de théâtre et homme d'action, grand lyrique (les "Pastels") a publié aussi des recueils de balades, de romances, de couplets d'amour suite à un travail de terrain destiné à explorer la tradition orale. On lui doit la mise en forme et la publication de Miorita (la Petite Brebis) poème pastoral illustrant la mort comme un mariage céleste, et de Mesteru Manole (le Maître Manole), qui présente le sacrifice dû à la création ; le bâtisseur de monastère emmure sa femme, pour que la construction s'éleve et soit durable.
La société littéraire Junimea (la Jeunesse) créée à Iasi en 1863 a eu un rôle de taille dans l'évolution littéraire. Son menteur, Titu Maiorescu, a eu initiative de lutter contre la médiocrité des écrivains et pour l'introduction de critères esthétiques dans l'établissement des hiérarchies de valeur. La société culturelle se donne pour mission de susciter et d'encourager les talents grâce à la revue "Convorbiri Literare" (Gonversations littéraires) qu'il publie ; son titre de gloire est alors d'avoir parrainé les débuts de Mihai Eminescu (Le poète national roumain), du conteur Ion Creanga (ses recits populaires et souvenirs d'enfance regorgent de spontanéité et d'une verve qui n'a pas suscité d'imitateurs) et du dramaturge Ion Luca Caragiale (et ses critiques mordantes des contradictions entre l'obscurantisme effectif et les prétentions).
La prose de la fin du siècle, après quelques tentatives intéressantes (de Nicolae Filimon ou Costache Negruzzi connaît un bouillonnant essor avec Alexandru Odobescu (1834-1895), le narrateur transylvain Ion Slavici (1898-1922) et le romancier Duiliu Zamfirescu (1858-1922) qui publie une fresque cycliques en cinq volumes sur la crise traversée par la classe sociale des propriétaires terriens, représentant la civilisation traditionnelle, sous le titre Istoria Comanestilor (L'Histoire des Comanesti).
Deux thèmes majeurs se dégagent sur la base de courant des préoccupations sociales : la fin du monde patriarcal et la difficile ascension du monde citadins à l'équilibre, à la vie moderne. Barbu-Stefanescu-Delavrancea (1858-1918) peint la déchéance des ruraux déracinés.
Cette période de préoccupations sociales coïncide avec l'essor des idées socialistes (Ion-Dobrogeanu-Gherea, 1855-1920 a voulu expliquer et orienter la littérature roumaine selon les principes marxistes).
Les tendances socialistes dans la littérature se sont épanouit dans une sorte de convergence avec les idées promues par le groupe des écrivains de la revue Samanatorul (le Semeur) parue en 1901 : le retour au peuple des campagnes, fidèle détenteur des traditions nationales. Dans le groupe de Samanatorul domine la figure de Nicolae Iorga (1871-1940) historien et écrivain prolifique ; George Cosbuc (1866-1918) est le chantre des travaux et de la vie du village, Stefan Iosif (1875-1913) est le poète de la mélancolie et Octavian Goga (1881-1938) le militant de l'irrédentisme transylvain.
Autour de la revue Viata Romaneasca (La Vie Roumaine) se développe, à partir de 1906, le mouvement littéraire nommé poporanisme (qu'on peut traduire par un terme proche mais pas tout à fait conforme au sens voulu le populisme). Le chef de file Constantin Stere (1865-1936) et ses amis écrivains sont préoccupés surtout par des problèmes de doctrine et par la polémique.
Des hommes de lettres se dégagent néanmoins de cette ambiance nationaliste pastorale pour rejoindre les grands courants de la littérature universelle. Autour de la revue Viata Noua (La Vie Nouvelle) l'on retrouve Ovid Denususianu, historien de la langue roumaine et le poète Alexandru Macedonski (1854-1920), poète symboliste, auteur du recueil de poèmes "Bronzes" et des "Rondeaux". Après la première guerre mondiale, le symbolisme continue avec I. Minulescu et I. Vinea, dans une recherche ardue d'originalité, par-delà des influences mais dans les perspectives de la tradition.
La génération de l'entre-deux-guerres s'emploie à découvrir dans la tradition nationale le "spécifique roumain". Des écrivains ont la conscience d'avoir un rôle immense à jouer dans le nouveau cadre social et politique.
Lucian Blaga (1895-1961), dans toutes les stades de poète expressionniste, et soutenue par Gandirea (La Pensée) en tant que philosophe d'une terre et d'une spiritualité roumaines paysannes, guide de la pensée et de l'art. Blaga utilisera cette formule d'"espace mioritique", espace géographique et mythique, zone intermédiaire, vallonnée, lieu du "style roumain" reconnaissable dans toutes les formes de l'art et de la pensée.
Dans cette période de grande effervescence s'affirment aussi le symboliste George Bacovia (1881-1957), Ion Barbu, mathématicien et poète aux vers hermétiques et Tudor Arghezi (1880-1967) au lyrisme virulent dans une expression sincère, ennoblie.
Le roumain Tristan Tsara a lancé le mouvement "dada", qui fait école en Roumanie à l'entre-deux-guerres. Dans une littérature hermétique est avant-gardiste s'affirment Ion Vinla et Matei Caragiale ainsi que les fantasmagories absurdes de Ion Urmuz annonçant Ionesco.
La prose prend un essor décisif avec Liviu Rebreanu (1885-1944) ; son roman "Ion" oeuvre réaliste avec des influences naturalistes peint les conflits paysans, la tragédie de la vie au village, tandis que "Padurea Spanzuratilor" (La Forêt Des Pendus) ouvre la voie aux romans psychologiques ; Cesar Petrescu (1892-1961) décrit, dans "Intunecarea" (l'Assombrissement), la déchéance d'un combattant de la première guerre, qui finit par se tuer, vaincu par la médiocrité bucarestoise de l'après-guerre. Camil Petrescu (1894-1957) donne "Patul lui Procus" (Madame T) et "Ultima noapte de dragoste, intiia noapte de razboi" (La dernière nuit d'amour, la première nuit de guerre) roman d'un homme qui passe des tortures de la jalousie aux souffrances de la guerre. Mihai Sadoveanu (1889-1961) écrivain très prolifique, parti à la recherche du temps perdu dans les villages et dans l'histoire de la Moldavie, dans un singulier mélange de sagesse orientale et de densité métaphorique.
La critique littéraire et les essais ont enregistré les noms de Nicolae Iorga, Garabet Ibraileanu (1871-1936), Mihail Dragomirescu (1868-1942), Eugen Lovinescu (1881-1946) grand promoteur du courant moderniste, dont le livre maître, "L'histoire de la civilisation roumaine" est indispensable à la définition de la Roumanie de tous les temps, et George Calinescu (1889-1965) qui a passé en revue toute la littérature roumaine des origines jusqu'au temps présent.
L'installation du régime communiste a rapporté le modèle du réalisme socialiste qui se veut expression de l'épopée du travail transfiguré et sacralisé comme nouvelle valeur libératrice. Les années 1950, années d'une littérature de l'Institution (représentée par Mihail Sadoveanu, Mihai Beniuc, Eugen Barbu, Geo Bogza) laissent peu de place à une littérature authentique. C'est à cette même époque que des génis de la littérature roumaine comme Eugène Ionesco, qui a été le premier roumain faisant partie de l'Académie Française, ou comme ses compagnions d'armes, Emil Cioran et Mircea Eliade, quitent la Roumanie.
Dans une légère détente, la génération des années 1960 veut se raccorder aux grands courants européens (le structuralisme, le nouveau roman). Dumitru Tsepeneag lance le groupe pour oniriste avec Dimov, Vigil Mazilescu, Vintila Ivanceanu, Florin Gabrea, Daniel Turcea, Sorin Titel et le romancier Virgil Tanase. L'on doit signaler la poésie de Dimov ou de Stefan Augustin-Doinas et les romans de Marin Preda, Nicolae Breban, N. Augustin Buzura.
En 1971 le régime rappelle à l'ordre les écrivains. Ils ont désormais le choix entre l' exil et l'autocensure. L'exil, est choisi, mais plus souvent contraint.
La perestroïka, face à laquelle globalement la Roumanie de Ceausescu est imperméable, impulse l'écriture contestataire des poètes Ana Blandiana et Mircea Dinescu.
Aujourd'hui, l'écriture se cherche encore. Des romanciers comme Gabriela Adamesteanu se sont portés sur le journalisme politique. D'autres personnalités littéraires se sont engagés véritablement sur la scène politique.
Le travail éditorial se concentre essentiellement sur la traduction de la littérature étrangère ou la traduction édition des oeuvres de l'exil interdites auparavant et sur la publication des mémoires du temps du stalinisme.

 
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