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Emil Constantinescu

Emil Constantinescu

 

 


Né le 19 novembre 1939 à Tighina (aujourd'hui en République de Moldavie) ; marié, deux enfants. Il obtient en 1960 sa licence de droit à l'Université de Bucarest. Après avoir rempli la fonction de juge à Pitesti, déçu par le fonctionnement de la justice, il suit les cours de la Faculté de Géologie de Bucarest obtenant son diplôme en 1966. Parallèlement aux études de géologie et il suit les cours magistraux des facultés de Philosophie et de Lettres.
Il se dédie, parallèlement, à une carrière universitaire, au travail de prospection sur le terrain et aux recherches en laboratoire. En 1979 il obtient le titre de docteur en sciences. Auteur du premier "Atlas cristallographique de la Roumanie" il a également écrit sept livres de spécialité et plus de 67 études, étant aujourd'hui membre des Sociétés de minéralogie et de géologie des États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne etc... Il est également membre de l'Académie des sciences de New York.
Après une carrière universitaire entamée à Bucarest en 1966, il sera professeur invité à l'université Duke, aux États-Unis ; entre 1991 et 1996 il tiendra des conférences dans de nombreuses universités étrangères dont Oxford, Berkeley Georgetown.
Recteur de l'Université de Bucarest depuis 1992, et renonce à cette fonction en 1996 pour se dédier à l'activité politique.

 

Activité politique :

À partir de 1990, Emil Constantinescu est conscient de sa nécessaire participation directe au processus de structuration d'une société civile roumaine active et efficace.
Après la "minériade" de 1990 il devient un des leaders du mouvement "La Solidarité Universitaire" membre fondateur et vice-président de l'Alliance Civique. Comme représentant de l'Alliance il sera président en exercice du Forum Antitotalitaire Roumain en 1991 quand sera décidée la transformation de celui-ci en une alliance politique et électorale, la Convention Démocratique Roumaine (CDR).
En juin 1992, il est choisi comme candidat unique du CDR aux élections présidentielles. Grâce à une campagne électorale dynamique il s'impose comme seule contre candidat de Ion Iliescu, obtenant, au deuxième tour, les votes de 5 millions d'électeurs.
À la fin de l'année 1992 il est élu Président de la CDR qui s'organise une structure cohérente au niveau territorial et national. En 1995 il annonce son adhésion au PNCTD (Parti National Paysan Chrétien et Démocrate). Avec fermeté, il négocie avec les formations membre de la CDR, réussissant à la transformer en une véritable force civique et politique, alternative réelle face au pouvoir en place.
Sur le plan des relations internationales, sans toutefois remplir de fonction officielle dans le cadre de l'Etat roumain, il a été reçu par de nombreux présidents ou chefs de Parlement européens est non seulement. Aux Nations Unies, à l'OTAN , à l'UE et à l'UNESCO, il a exprimé la position des forces démocratiques d'opposition et soutenu les intérêts nationaux de la Roumanie. Il a eu des contacts permanents avec les représentants des grands organismes financiers mondiaux et des corporations économiques européennes et américaines.
Pour illustrer son parcours politique et la période de son mandat présidentiel, il semble difficile de ne pas parler des quatre volumes de son livre "Le temps de la démolition, le temps de la reconstruction", qui se veut une chronique du temps qui l'ont amené à la présidence, une incursion dans ses opinions, thèses et solutions conceptuelles qui ont représenté sa pensée de premier président démocratique de la Roumanie ; ses mémoires pêchent par le manque de recul, l'auteur les ayant publiés seulement un an et demi après la fin de son mandat présidentiel.
Le livre est néanmoins une source d'information précieuse pour interpréter la psychologie d'un chef d'Etat contemporain, et la vie politique sur huit ans d'histoire récente.
L'ouvrage a été accueilli de façon particulièrement "violente". S'il est vrai qu'il est animé par l'obsession de l'autojustification, il est néanmoins dynamique, on ne peut nier sa valeur de document historique.
Le destin politique d'Emil Constantinescu semble avoir été déterminé par le traumatisme des "invasions" sauvages de la Capitale ; à ce titre il expose sa vision pessimiste du degré de civilisation des roumains, de leur manque de culture politique, du vol "en plein jour", dans l'après 1990 de l'héritage matériel communiste.
Les informations sur l'activité des dirigeants roumains entre 1990 et 1996 sont importantes et intéressantes si l'on les superpose sur l'activité de l'opposition. L'auteur affirme "Quand nous commencions la bataille pour la reconnaissance internationale de la Roumanie comme pays européen et démocratique, ils jubilaient à l'idée de notre perte devant la faillite qu'ils nous avaient soigneusement préparée. Quand nous essayons de privatiser quelque trou noir de l'économie... Il organisaient des grands mouvements anticapitalistes et anti-réformes. Quand nous efforcions de payer les dettes de leur gaspillage, ils organisaient des grèves des impôts. Quand nous nous approchions d'un pas de l'OTAN ou de l'Union Européenne, ils organisaient le désordre et tentaient d'instaurer le pouvoir des soviets et des mineurs ; chaque victoire ces quatre années nous l'avons doublement payer, une fois à son prix, élevé, mais légitime et inévitable, et une deuxième fois au prix de la confrontation avec leur entêtement à ne rien changer, à tout corrompre…"
L'on peut certes apporter des critiques, tant sur le front que sur la forme.
L'auteur omet, par exemple, le rôle essentiel d'Octavian Buracu et d'Adrian Marino, la pression et quand il a exercé par l'Alliance Civique pour la formation de la CDR. Le mérite de l'auteur est d'avoir assuré l'unité politique d'une structure hétérogène.
Concernant la "minériade" de 1999 et l'incapacité du pouvoir contrôler la situation, Emil Constantinescu invoque la demande "illégale" d'arrêter Vadim Tudor. Certaines personnalités avaient demandé la mise en la loi du Parti de la Grande Roumanie sur la base des preuves existantes d'une tentative de coup d'Etat, qui, avec d'autres arguments, plaçaient ce parti dans la catégorie déformations extrémiste anticonstitutionnelles. Ayant refusé d'éliminer le PRM de la vie politique à un moment propice, le président Emil Constantinescu et son gouvernement ont "contribué" au succès de l'extrémisme an 2000.
L'on peut reprocher aussi à l'équipe au pouvoir de ne pas avoir réglementé la possibilité d'accès au dossier de la Securitatea. En absence d'une loi spécifique (motif invoqué officiellement) Costin Georgescu (directeur des nouveaux services de renseignements) avait le pouvoir de décider sur "l'ouverture" de ces dossiers.
Ce livre offre donc à l'ancien président l'occasion de justifier ses actes politiques. En marge de ce livre on peut rappeler quelles que point faible de cette période politique.
Si Emil Constantinescu attribue, en 1999 la chute livre de sa popularité à l'implication de la Roumanie dans la campagne du Kosovo, on peut aujourd'hui affirmer que les causes les plus sures de cette impopularité sont le mécontentement face à la prestation de la convention démocratique et l'impression du manque de volonté, et de pouvoir, du chef de l'État.
Emil Constantinescu a refusé de se représenter aux élections présidentielles motivant son geste comme prise en charge de la responsabilité de ses échecs. On peut lui reprocher aujourd'hui de ne pas avoir évalué l'ampleur des conséquences, c'est à dire la promotion de l'extrêmeme droite et de Vadim à la deuxième place dans la vie politique du pays, de même que la "perte" du PNTCD et l'affaiblissement des forces de l'opposition après 2000.
Le dossier le plus brûlant, qu'aucune tentative de dresser un bilan du mandat d'Emil Constantinescu ne peut omettre, est sans doute l'occasion manquée par former l'opinion publique sur les membres de la Securitatea ou les informateurs ayant occupés des postes importantes dans la vie politique est dans la presse, en vertu du "droit aux informations d'intérêt public". Ce fut une chance manquée de "nettoyer" la société roumaine de années 90.
Un autre dossier important a été celui de la "minériade" de juin 1991, sujet selon lequel l'ancien président soutenait que : "le dossier juridique ne pouvait plus être reconstitué elle responsabilités individuelles pour les infractions ne pouvaient plus être déterminées dans la mesure nécessaire pour un procès pénal". Il ne faut toutefois ignorer les milliers de témoins, de mettres de pellicules et de pages de documents, preuves suffisantes pour un procès pénal.
Ayant passé en revue quelques déceptions de l'opinion publique roumaine par rapport à l'activité politique d'Emil Constantinescu, on peut conclure, par les citations de Vladimir Tismaneanu, sur la signification globale de son mandat : "la période de la présidence d'Emil Constantinescu a marqué un tournant bénéfique dans l'histoire politique roumaine... Quel que soit l'angle de vue, lors de ces quatre années, en Roumanie s'est produite une faille systémique. L'actuel parti au gouvernement inconnu que l'expérience de l'opposition, la classe politique a mûri et la politique extérieure s'est orientée sans hésitation vers l'Ouest".

 
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