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La politique interne et externe de Nicolae Ceausescu
Nicolae Ceausescu succédera sans heurts à Gheorghe Gheorghiu-Dej, mort en 1965. Ceausescu est à la fois un produit du milieu populaire roumain et un candidat apprécié par les vieux soutenant les liens avec Moscou. Il inaugure une nouvelle ère. La Constitution de 1965, transforme la République Populaire Roumaine en République Socialiste Roumaine et le Parti Ouvrier Roumain en Parti Communiste Roumain (PCR). Il promeut des mutations économiques (dans la ligne de Gheorghiu-Dej "tout pour l'industrie") et sociales prométhéennes.La faiblesse
du niveau de vie est acceptée par une population qui espère encore un avenir meilleur et qui se contente du prestige extérieur dont jouit le pays.
Le PCR recrute de nombreux membres depuis le début des années 60.le ralliement des intellectuels au parti s'explique par plusieurs facteurs : le système est jugé upportable à l'intérieur, il semble apprécié par les chancelleries occidentales et le retour d'une culture nationale patriotique favorise une forme de retrouvailles entre le pouvoir est la société. De plus, le parti rend possible l'expression et l'épanouissement des compétences, en laissant subsister aussi un espace de liberté, non-censuré, qui offre aux intellectuels la possibilité de s'orienter vers des créations d'avant-garde ou vers un patriotisme interdit pendant les années de soviétisation. La russification globale de la culture prend fin (par exemple, dans l'enseignement, le russe n'est plus obligatoire, mais optionnel).
Au niveau de la politique extérieure, Bucarest se montre très habile. La Roumanie, jouant la carte d'un nationalisme compris comme une véritable dissidence d'avec l'Union soviétique, se trouve, comme alliée rebelle de l'URSS, un bon interlocuteur pour l'Ouest. La détente et la politique d'ostpolitik qui suivent le règlement de la crise de Cuba de 1962, la politique continentale européenne de De Gaulle, sont bénéfiques pour les intérêts politiques et économiques roumains. En 1966 les relations avec l'Allemagne fédérale s'intensifient.
Si Ceausescu prend position lors de la crise tchécoslovaque de l'été 1968 contre la décision soviétique d'écraser militairement le Printemps de Prague (ce qui lui vaut une forte mobilisation populaire antirusse à l'intérieur du pays) en réalité, il n'a jamais remis en question l'engagement du PCR pour la victoire de la cause socialiste. L'indépendance roumaine a été bien relative, par rapport à l'URSS, se limitant aux aspects économiques et à certains gestes de politique extérieure tout compte fait peu nuisibles à Moscou.
Dans le pays, l'encadrement de la population ne se relâche pas (en 1966 l'avortement est interdit, en 1967 le divorcé est rendu très difficile ; les horaires de travail et la discipline dans les entreprises sont réglementés et renforcés). Le pouvoir se personnalise : la famille Ceausescu est placée aux postes clés. Nicolae Ceausescu se crée la fonction de président de la République ; le culte de la personnalité s'installe et se développe. Mais la mobilisation idéologique et le culte de la personnalité ne font que masquer le piétinement puis la déroute dans la réalisation des objectifs économiques et d'un mieux-être de la société.
La Roumanie s'est lancée dans l'industrialisation avec une faible productivité du travail et sans disposer de ressources énergétiques suffisantes. Le régime, par la fuite en avant et un revirement nationaliste dépassant le cadre de la défense de l'intégrité territoriale et l'autonomie du parti, entend plonger le pays dans un isolement porteur de grandeur et d'exemplarité.
A partir de 1971, on rappelle aux intellectuels la finalité socialiste de leur tâche (ces dernières comprennent que l'espoir placé dans une voie roumaine du socialisme et vain), la presse est mise au pas en 1974 enfin, un raidissement global répond à la crainte de l'influence en Roumanie, des principes de l'Occident qui, avec les années 70, opère un retour aux valeurs des droits de l'homme. La rencontre entre l'idéologie occidentale et la dissidence est-européenne favorise l'action des opposants (la Charte 77 à Prague milite pour une ethique libérale et anticommuniste). En 1977, le romancier Paul Goma demande au présidant Ceausescu, dans une lettre signée par un petit groupe d'opposants, d'assurer le respect de la Charte 77. Paul Goma, aidé par la Ligue des droits l'homme, rejoint la France, mais l'affaire est importante, car elle réveille l'intérêt des Français pour les publications littéraires de la dissidence roumaine.
Le régime perd sa crédibilité dans certains milieux ouvriers (les grèves des mineurs de la vallée de Jiu sont sévèrement réprimées). La misère et la grogne sont fortes ; le régime apparaît comme le défenseur des privilèges des apparatchiks. Sans projets d'avenir, le régime se replie sur lui-même ; la politique de remboursement de la dette extérieure libère mais la population souffre de froid et de manque de produits de première nécessité. Le parti prône les valeurs autochtones mais la Roumanie est épuisée.
Face à la perestroïka soviétique, le PCR s'isole et reste sur ses positions. En 1998, pour affirmer son indépendance, la Roumanie refuse la clause de la nation la plus favorisée. Mais si idéologiquement les évolutions de l'URSS et de la Roumanie divergent, leurs liens économiques sont resserrés.
 
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