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Nicolae Ceausescu

 

 

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Né à Scornicesti, dans le département d'Olt, en 1918 dans un milieu paysan pauvre, il rejoint Bucarest et ses milieux activistes ; dès 1934 il sera repéré par la police pour ses activités politiques. Activiste lié aux milieux du Comité national anti-fascistes, il sera arrêté à plusieurs reprises, en 1934 et en 1936 (année où il sera condamné à deux ans de prison). Incarcéré à nouveau entre 1940 et août 1944, il connaîtra en prison Gheroghe Gheroghiu-Dej, Gheroghe Apostol et Stoica Chivu, militants clandestins qui ont faitcarrière au sein de l'Etat.
Son ascension politique a été somme toute rapide, suivant les étapes de la prise du pouvoir par les communistes. Ses vrais débuts politiques se déroulent en Olténie (1946), où il épouse Elena. Coopté comme membre du Comité Central en 1952 il sera le Secrétaire de ce Comité en 1954 et membre du bureau politique en 1955.
Nicolae Ceausescu connaît l'URSS et les négociations avec Moscou, mais a fait aussi l'expérience de la Chine, où il s'est rendu en 1964 avec Gheroghe Maurer, son conseiller.
Gheroghe Maurer et Emil Bodnaras ont proposé et soutenu la candidature de Ceausescu au poste de premier secrétaire du parti (il sera élu lors de la séance plénière du comité central du 22 mars 1965).
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Le personnage de Nicolae peut se "résumer" finalement à deux aspects : le Ceausescu "génie des Carpates" perçu par l'Occident comme porteur d'un style indépendantiste dans ses rapports avec Moscou et par conséquent interlocuteur idéal pour le "camp" de l'Ouest ; l'autre image de Ceausescu, bien réelle cette fois-ci, est celle d'un dictateur mégalomane, ayant opprimé, aliéné et affamé son peuple.
Nous allons nous arrêter premièrement sur l'image d'un président qui a donné à son pays le rôle de petite puissance dissidente, audacieuse, rebelle au sein du camp communiste. La foi patriotique, le socialisme à visage humain étaient-ils les seuls facteurs ayant forgé cette image d'un pays jouant la carte de la souveraineté nationale et de l'indépendance ?
Ceausescu n'a jamais dénoncé le Pacte de Varsovie et ses gestes, dans cette optique, ont peut-être simplement bénéficié de la tolérance de Moscou. La politique extérieure du président roumain a été interprétée alors de manière erronée par un Occident qui appliquait à un pays socialiste les catégories occidentales de la pensée de la souveraineté des États Nations.
Pour De Gaulle la Roumanie semblait la carte adéquate dans la lutte de la France contre les blocs, entre le monopole de la puissance par Moscou et Washington. Effectivement, les gestes indépendantistes de Bucarest semblent avoir pour assise la souveraineté de l'Etat/Nation, la valeur prioritaire accordée à la patrie dans un contrat entre le peuple et son leader charismatique, dans la lutte pour l'autonomie politique, militaire et économique.
Pour les tiers-mondistes, la Roumanie de Ceausescu représente, au sein du bloc socialiste, une Nation qui prétend suivre une troisième voie, celle d'un socialisme national, celle d'un non-alignement dans l'esprit des principes définis par la conférence de Bandoeng en 1955.
Même pour la diplomatie américaine l'autonomie roumaine et le lien privilégié entre Bucarest et Washington ont été utiles pour inquiéter les Soviétiques sur leur frontière sud-ouest, dans une logique de guerre froide.
On peut penser que la Roumanie jouait aussi une carte et que toute cette propagande (spécificité, indépendance, troisième voie entre l'hégémonie des blocs) légitimait le pouvoir du chef de l'Etat roumain auprès de son peuple et suscitait, à l'Ouest, des sympathies accompagnées d'accords économiques. Le "génie des Carpates" a été conscient que le "chantage" entre les Grands est un moyen d'expression et de définition de la puissance pour les petits.
Dans toutes les interprétations occidentales de la politique de Ceausescu, on a ignoré pendant longtemps les bases marxistes-léninistes du régime, son identité socialiste.
Quels sont les gestes de Ceausescu ayant fait croire à son indépendance par rapport à Moscou ? Probablement, le moment le plus fort est la condamnation par Ceausescu, le 21 août 1968 du règlement par les troupes du Pacte de Varsovie de la crise tchécoslovaque.
Face à la passivité de l'Occident et à la certitude des blocs, confirmée à l'été 1968, Ceausescu a développé en Roumanie une surenchère nationaliste, que le pouvoir impulse et récupère à son profit dans une logique isolationniste, d'une Roumanie victimisée et héroïsée.
Restent, étroitement liées à la politique intérieure, les premières manifestations et l'évolution d'une politique étrangère voulue indépendante. La voie de cette ouverture interne, partielle, inégale et incomplète a été hérité de Gheroghe Gheroghiu-Dej (qui refusait en 1961 de rompre avec la Chine et qui s'insurgeait en 1963 contre le rôle de pays agricole attribué à la Roumanie par le COMECON).
Ceausescu a promu une politique extérieure cohérente, donnant à la Roumanie un rôle de plaque tournante.
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Sa position au Moyen-Orient, impliquant des négociations avec l'OLP, le retrait d'Israël des territoires occupés et la création d'un État palestinien, a favorisé le déroulement à Bucarest des négociations égypto-israéliennes qui ont abouti aux accords de camp David. Ceausescu souhaitait un rôle de premier rang dans le processus de paix au Proche-Orient : il a rencontré Arafat plus de 70 fois depuis 1974 et a eu l'initiative, en 1987, d'une rencontre sur le littoral de la Mer Noire entre responsables palestiniens et pacifiques israéliens.
En 1967 Bucarest refuse de suivre la conduite soviétique lors de la guerre de Six Jours et, contrairement à Moscou, maintient les relations diplomatiques avec l'Israël.
Les points forts de la politique extérieure de Ceausescu, l'Afrique et le Cambodge, représentent autant de moyens possibles d'agrandir son image interne ou de la restaurer, et de se composer et recomposer une figure de stature internationale ; aucun geste n'est sensé pourtant déstabiliser le profil de la politique soviétique.
En 1988, Ceausescu entreprend une tournée en Afrique, puis une autre dans les pays du Pacifique-Sud. Dans un axe Sud il se charge de médiations au coeur des processus de paix entamés. A Jakarta il est chargé de transmettre à Pékin les conditions de l'Indonésie pour le rétablissement des relations diplomatiques avec la Chine. A Hanoï, il était porteur d'un message du prince Sihanouk concernant le règlement du conflit cambodgien.
Un véritable rapprochement entre la Chine et la Roumanie a eu lieu en 1970. D'une manière générale il y a une convergence idéologique entre les deux pays quant au rôle spécifique attribué aux partis nationaux au sein du mouvement communiste international ; d'un autre côté, il y a un essoufflement de l'économie roumaine et la pratique conjointe par Pékin et Bucarest d'une politique tiers-mondiste active.
A l'interieur du pays et on perçoit le rapprochement avec la Chine comme le signe d'un "antisoviétisme" du régime (Mais s'opposer à Moscou ne signifie nullement rejoindre l'autre camp !).
Les Roumains, seuls participants de l'Est aux Jeux Olympiques de 1984, obtiennent grâce à ce geste d'indépendance des avantages importants : le maintien d'une image extérieure de dissidence, la conservation de la clause de la nation la plus favorisée, qui se chiffre en crédits, réduction des tarifs douaniers, possibilité d'accès à la haute technologie américaine et échanges de visiteurs à haut rang (des États-Unis distinguent les bons des mauvais communistes et récompensent ainsi le bon "cas" roumain).
La Roumanie et restée la patrie du socialisme. Mais la politique de Ceausescu s'est néanmoins reposée sur une démarche originale qui consiste à chercher une identité unique, le nationalisme autochtoniste. Cette forme visible cache la quête d'une identité de plus grande envergure, suivant un dessin politique ample. C'est l'identité du petit contre les Grands que veut affirmer Ceausescu ; son rêve est de se projeter en avant, de dépasser les données de la géopolitique et de s'asseoir à la table des Grands. Le mythe (qu'il se construit) du "héros de l'indépendance roumaine" ou du "champion de la paix planétaire" (à ce niveau, il a été très actif, militant pour le désarmement, pour une paix durable tout au long de sa "carrière"), trahit sa volonté d'être un homme politique d'importance planétaire, susceptible même d'obtenir un prix Nobel pour la paix.
Le traité bilatéral signé avec Moscou en 1948 et renouvelé en 1970 et l'appartenance au Pacte de Varsovie ébranlent la conviction d'une indépendance roumaine. Les gestes de Ceausescu, eux, confirment la thèse de l'existence d'un "cas" roumain, que l'on ne peut toutefois dissocier d'un contexte mondial, d'une réalité des blocs transcendant toute tentative de singularité. Toutefois, le refus de Ceausescu à adopter la perestroïka n'est-il pas une dernière preuve d'une indépendance roumaine ayant survécu jusqu'en 1989 ?
Plus connue aujourd'hui est image du dictateur Ceausescu et sa catastrophique politique intérieure. L'état de la Roumanie des années 1980 choquait par le vaste plan de destruction des villages (la "systématisation"), d'une partie de l'ancien Bucarest, et des églises, par les milliers de citoyens fuyant vers la Hongrie ou vers l'Ouest, par la politique d'un président mégalomane ayant accablé son peuple de privations. L'après-1989, avec l'avènement d'une presse libre et la possibilité d'accès aux sources jusque-là interdites, a permis d'éclairer, ne serait-ce que partiellement, les années noires du règne de Ceausescu. L'Occident a été ainsi confronté à la réalité de ce régime, réalité peu connue finalement, grâce aux mass média. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas assisté sur cet aspect du personnage de Ceausescu. Sa renommée, aussi noire soit-elle, le place néanmoins dans les personnalités du siècle, comme dictateur totalitariste, domaine où, si l'on peut dire, il a frôlé la perfection.

 
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