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Seul quotidien en français du Caire à Zurich

Bucarest Matin se meurt dans l'indifférence de ses amis

Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de chez soi, est un privilège rare. Surtout si ce pays n'est pas francophone, même s'il est francophile . Le retrouver dans son hôtel, à bord de l'avion ou dans les principales librairies des grandes villes, n'est pas seulement d'un grand réconfort quand on se sent un peu déphasé, c'est aussi une aide précieuse.

« Bucarest Matin » fait partie de cette poignée de journaux, extrêmement réduite, qui chaque jour maintient la présence de la langue et de l'influence française à travers le monde. Une gageure que l'on ne retrouve nulle part sur le continent européen et dans aucun autre ex pays de l'Est. Même pas en Pologne, autre pays traditionnellement ami de la France et disposant de moyens et d'aides supérieurs. Depuis la Suisse, il faut aller jusqu'au Moyen-Orient, au Caire et à Beyrouth, pour retrouver cette forme « d'exception culturelle ».

Le pari d'un quotidien en français en Roumanie remonte à 1995. Radu Bogdan, son propriétaire, misait alors sur l'ouverture de son pays à l'économie de marché et la place de choix que la France ne manquerait pas d'y occuper. Il recevait son aide, essentiellement technique, pour le démarrage, fourniture d'ordinateurs, mise à disposition d'un coopérant afin de veiller au niveau du français.

Au fil des ans, l'intérêt de Paris a faibli. « Bucarest Matin » s'est retrouvé seul à défendre la présence française dans la sphère médiatique roumaine. Alors que l'autre quotidien du groupe, « NINE O' CLOCK », destiné aux anglophones, prospérait, augmentait le nombre de ses pages et de ses chroniques, bénéficiant du soutien des annonceurs anglais et américains, « Bucarest-Matin » s'étiolait, pratiquement sevré de publicité, bien que la France soit le premier investisseur dans le pays et que ses plus grosses entreprises y soient présentes, Renault, Carrefour, Michelin, Lafarge, Alcatel, Accord, la Société générale, France Télécom…

Journaux anglais et italien risquent de rester seuls sur la place

Tirant toujours à 5000-6000 exemplaires, le journal survit aujourd'hui sans moyens, grâce à la synergie (impression, distribution, abonnement) développée par « NINE O' CLOCK » et « SETTE GIORNI », le nouvel hebdomadaire en italien du groupe, qui déjà s'autofinance avec la publicité apportée par les investisseurs transalpins.

La rédaction est réduite à deux jeunes femmes, soit un effectif quatre à cinq fois inférieur à celle de son confrère anglais, épaulées par quelques étudiants. Ruxandra et Camelia se battent depuis l'origine pour que la présence française au quotidien soit assurée sur la place de Bucarest et dans le reste du pays. L'abattement n'est pas loin parfois quand elles constatent que leurs efforts non seulement ne sont pas reconnus, mais souvent même ignorés . Comment ne pas se sentir découragées quand on consacre chaque semaine des colonnes à l'activité culturelle francophone de la capitale, réservant une place de choix au prestigieux Institut français… et que celui-ci n'a pas deux francs (0,3 €) à donner pour abonner sa bibliothèque ? « Ces maudits Français » diraient les Québécois, devant tant d'ingratitude et de désintérêt … mais à Bucarest, on est plus polis .

Oh, certes le journal aurait besoin de conforter son niveau d'écriture. Mais comment faire quand on est si peu et écrasé par la tâche… avec un seul dictionnaire de français à disposition.

Bucarest-Matin se meurt… comme le français en Roumanie . A petit feu. Des 20 000 professeurs enseignant notre langue que comptait le pays voici encore dix ans, il n'en reste que 14 000, tous plus âgés que la moyenne et se rapprochant de la retraite.

Leur succession ne sera pas assurée, les jeunes préférant l'anglais, plus attractif. A Brasov, ils ont tout loisir de faire la comparaison : sur le même palier cohabite la bibliothèque française, section de la bibliothèque municipale, qui ne reçoit aucune aide, et doit son existence à des dons en livres faits par des Français… et le « British Council », richement doté en moyens audiovisuels, CD, ordinateurs, directement fournis par la Grande-Bretagne.

Il faudrait très peu de choses pour sauver « Bucarest-Matin ». Un peu de publicité pour permettre à son directeur d'étoffer la rédaction, l'envoi d'un jeune coopérant-journaliste chargé du bon usage du français, et l'aide régulière de quelques professionnels amis de la Roumanie. A ce faible prix, la francophonie aurait toujours son irremplaçable vitrine dans un pays où elle compte tant, et la défense de son influence ne se limiterait pas à des mots… qu'on n'imprimera peut-être même bientôt plus à Bucarest.

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